Login

Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches

Depuis 2000, l'âge médian des réformes de vaches charolaises a presque diminué d'un an.

Fertilité, précocité, potentiel de croissance… Les éléments travaillés par le Herd-Book Charolais sont nombreux. Pourtant au fil des ans, l’âge médian de réforme régresse : un paradoxe auquel la race souhaite s’atteler. Dans les tuyaux, la mise en place d’une prévision de la longévité des vaches, un indicateur rendu possible grâce à l’appui de l’intelligence artificielle.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Louve, une Charolaise née en Saône-et-Loire, a un temps été la doyenne de la race. Du haut de ses 24 ans, elle a donné naissance à 17 veaux. « À 20 ans, elle avait encore une tenue exceptionnelle », décrit Lauréna Jeannot, ingénieure pour le Herd-Book Charolais (HBC). Seulement voilà : la tendance n’est pas à la longévité sur le cheptel français. En 25 ans, l’âge médian de réforme des vaches charolaises a baissé de huit mois. En 2000, une vache réformée sur quatre avait plus de neuf ans et demi. Aujourd’hui, les trois quarts des réformes ont moins de huit ans et demi. « Les éleveurs font moins vieillir les vaches », résume Lauréna Jeannot.

La génétique n’est pas la seule à incriminer. Le resserrement des périodes de vêlages pèse peut-être sur le renouvellement et la longévité reste un caractère complexe à appréhender. « Son héritabilité est faible. La corrélation phénotypique oscille entre 0,05 et 0,16 car elle dépend surtout d’évènements extérieurs comme le sanitaire », poursuit la généticienne.

Mais cette baisse de la longévité a interpellé le HBC. Les dernières décennies de sélection ont permis de travailler sur beaucoup de postes : la précocité, le potentiel de croissance, la fertilité… Sans que cela ne se traduise par une amélioration de la longévité des vaches. « Cela veut peut-être dire que la sélection se fait au détriment des caractères de résistance », soupçonne Lauréna Jeannot.

L’intelligence artificielle pour estimer la longévité des vaches

Le Herd-Book a donc lancé un vaste projet autour de cette question, avec pour ambition de fournir des indicateurs de longévité aux éleveurs. L’intelligence artificielle, et l’augmentation en performance des modèles de calcul sont venus en renfort.

Si bien qu’aujourd’hui, la machine ingère toutes les données propres à l’animal (pointage, croissance, généalogie…) ainsi que des données de l’exploitation où il se trouve pour produire une « courbe de prédiction de survie de l’animal ». Ces prédictions sont propres à chaque élevage. « L’objectif est de prendre en compte l’effet de cheptel », précise Lauréna Jeannot. Une manière de personnaliser la sélection génétique.

Déploiement courant 2026

Concrètement, le modèle donne une probabilité de survie de l’animal mois après mois. « Si l’on prend 5 femelles au hasard, on voit qu’une première a une probabilité de réforme de 50 % à 20 mois. Trois génisses atteignent ce niveau entre 35 et 45 mois, et la dernière à 85 mois ». L’indicateur reste peu lisible pour le terrain. « La prochaine étape est de créer un scoring concret pour que la donnée soit facilement utilisable par les éleveurs ». Le Herd-Book Charolais travaille actuellement sur la restitution de ces résultats, avec un objectif de diffusion courant 2026.

La race est également preneuse d’informations sur les causes de réforme. « Nous connaissons les âges de sortie, mais rarement les causes », rappelle Lauréna Jeannot. Mieux documenter ces informations permettrait de développer une analyse plus fine. « On arrive à avoir des probabilités autour de l’âge de réforme, mais la question est ensuite d’en connaître la cause », poursuit l’ingénieure. Le Herd-Book a tout de même quelques premières explications. « Un écart du développement musculaire par rapport au troupeau, un écart sur la conformation bouchère ou encore des défauts sur les aplombs sont les principaux facteurs qui favorisent les réformes précoces ». À l’inverse, un bon pointage du bassin et la rectitude des aplombs soutiennent les longues carrières.

Car la longévité pèse sur la performance économique des exploitations allaitantes. Pour le prouver, le Herd-Book a comparé deux structures de 100 vaches. La première affiche un âge de réforme moyen de 5,9 ans, la seconde 7. Résultat : la première ferme présente un taux de renouvellement de 27 %, contre 18 % avec des réformes plus âgées. Concrètement, la différence sur le taux de renouvellement représente un écart de 18 génisses entre les deux exploitations.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement